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Guerre et religion – 2

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Par Anna VAN DEN KERCHOVE

Fin janvier, un colloque s’est tenue sur “Guerre et religion” signalé dans un précédent billet avec le programme.

Je n’ai malheureusement pu assister qu’à une partie du colloque. Les communications entendues étaient de grande qualité et très instructives. Une grande partie de leur contenu pourrait être d’une grande utilité pour les enseignants.

I- Salvatore d’Onofrio (“La religion de la guerre dans une société primitive“) s’est intéressé à la manière dont certaines théories ont été développées sur guerre et religion / sacré ; il a montré en particulier qu’elles tiennent peu compte des matériaux des sociétés étudiées.

II- Thomas Römer (“La guerre dans la Bible hébraïque, entre histoire et fiction“), dans une communication limpide, apporte des réponses claires aux lecteurs qui pourraient s’interroger ou s’offusquer de l’omniprésence de la guerre dans la Bible hébraïque. Il mit en avant plusieurs idées :

- guerre et paix ne sont pas deux entités opposées (contrairement à ce qui est couramment pensé) ; elles interviennent ensemble pour contrer le chaos.

- dans la Bible, l’héritage proche-oriental est important et on ne peut séparer Bible et Proche-Orient : la guerre est un moyen de “rétablir l’ordre”, d’affirmer la puissance du roi et de le légitimer ; les récits de guerre relèvent plus de l’idéologie qu’ils ne sont le reflet de la réalité.

- pas de guerre purement humaine. La défaite d’un peuple conduit à la déportation de ses statues.

- il faut lier la guerre à l’idéologie du combat contre les forces du mal.

Ces informations compléteront les informations données dans les manuels, aussi bien pour ce qui concerne l’Orient ancien que pour les débuts du judaïsme.

III- François de Polignac (“En Grèce ancienne, des dieux en guerre ou des dieux dans la guerre ?“) a fait une communication passionnante centrée sur la bataille de Salamine, une bataille parfois évoquée dans les manuels scolaires. Les informations données peuvent cependant s’appliquer à d’autres batailles.

Dans un premier temps, des informations générales :

- les guerres entre les hommes ne sont pas les guerres entre les dieux. Dans les premières, les dieux peuvent intervenir (en particulier parce que les hommes cherchent à obtenir leur appui), mais ils ne sont pas en guerre.

- Arès est peu présent dans les récits de guerre. Il est plutôt le dieu de la fureur guerrière.

Dans un second temps, la bataille de Salamine, pour laquelle de nombreux documents existent. Différents dieux interviennent à différents moments : héros locaux et Déméter au début ; Aphrodite (ce qui témoigne qu’il ne faut pas la cantonner à l’amour ; elle a un lien fort avec le combat, notamment via Eros, l’éros du combat, c’est-à-dire la soumission au désir du combat) ; Artémis Aristoboulé qui a permis de prendre la bonne décision (la ruse qui a permis d’égarer les Perses).

François de Polignac fit remarquer que les rôles sont interchangeables selon les batailles. Ce qui est important : savoir quel est le dieu le mieux placé pour tel combat dans tel lieu à tel moment ; il y a toujours plusieurs dieux impliqués.

Parler de la bataille de Salamine de cette façon en cours permet de donner du sens, en particulier à la “place” de la religion à Athènes et de ne pas déconnecter ce que l’on dit de la religion de ce que l’on enseigne sur la société, la politique, la guerre.

IV- Olivier Picard (“La guerre faiseuse de dieux au temps d’Alexandre le Grand et de ses successeurs“) évoqua essentiellement des monnaies d’Alexandre et de ses successeurs. Celles-ci ne sont pas religieuses. Cependant, en Grèce, l’image de la monnaie était celle de la divinité tutélaire de l’État. Désormais, c’est le roi. Olivier Picard conclut que les cultes royaux hellénistiques sont des créations grecques et non des scories venant d’Orient.

V- Christian Duverger (“La guerre fleurie dans le Mexique préhispanique“) était absent mais sa communication a été lue. Elle apporte des informations très importantes pour les enseignants de seconde en particulier. En effet, dans les manuels de seconde, histoire, il est souvent question de la “guerre fleurie”.

- Dans le Mexique ancien, la dimension symbolique de la guerre semble l’emporter.

- Le sacrifice humain est le socle de la société, car c’est un moyen de dissiper la disparition des énergies. Le soleil est considéré comme vorace.

- La “guerre fleurie” est un moyen d’avoir des captifs pour le sacrifice. D’où son nom “guerre fleurie”, car la fleur est le symbole du jeu. La “guerre fleurie” est une addition de duels, qui se déroulent sans arme et en musique. Elle est stoppée brutalement et s’ensuit un échange de captifs. Il n’y a pas de mort (ni de vainqueur ni de vaincu), car la mort est reportée, au moment du sacrifice. Il s’agit d’une guerre très ritualisée.

À côté de cette guerre ritualisée, il semble qu’il y ait eu aussi des guerres plus conventionnelles, des guerres punitives (mais de guerres de conquêtes à priori).

Nous espérons que toutes ces informations aideront en particulier les enseignants.


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